L’une des étapes clés de la création d’entreprise consiste à construire un business plan. Cet outil permet à la fois de structurer le projet et de le présenter aux partenaires et financeurs potentiels. Il détaille notamment le modèle économique, les retombées attendues ainsi que le plan d’évolution. Pour ce faire, il mobilise différents indicateurs clés.
Parmi eux peuvent figurer le seuil de rentabilité et le point mort. Ces deux notions complémentaires permettent d’anticiper le niveau d’équilibre financier de l’entreprise. Après notre article dédié au seuil de rentabilité, il est désormais temps de nous pencher sur le point mort et ses spécificités.
Qu’est-ce que le point mort ?
Définition du point mort
Dans le domaine automobile, le terme “point mort” correspond à une position neutre, celle où aucune vitesse n’est enclenchée. Dans le monde économique, c’est un peu pareil : le point mort est un point d’équilibre où le résultat de l’entreprise est neutre.
Cet indicateur correspond plus précisément au moment à partir duquel une entreprise devient rentable. Il représente l’instant où les recettes de l’entreprise couvrent exactement les charges. Avant le point mort, l’entreprise perd de l’argent ; après, elle en gagne.
💡 Bon à savoir : cet indicateur ne doit pas être confondu avec le seuil de rentabilité, mais il découle directement de lui. Le seuil de rentabilité correspond au chiffre d’affaires à atteindre pour être à l’équilibre. Le point mort, lui, indique la durée nécessaire pour atteindre le seuil de rentabilité et commencer à gagner de l’argent. Il s’exprime donc en nombre de jours.
Pourquoi calculer son point mort ?
Indissociable du seuil de rentabilité, le point mort est un indicateur clé pour les entreprises. Le calcul du point mort permet de déterminer à partir de quel moment les ventes pourront couvrir les charges de l’entreprise. Il donne ainsi des indications sur la viabilité du modèle économique, contribue à déterminer les objectifs commerciaux à atteindre et les marges de sécurité nécessaires.
Cet indicateur constitue donc un outil pour la prise de décision. Grâce à lui, les dirigeants peuvent par exemple ajuster les prix de vente dans le but d’atteindre le seuil de rentabilité en un temps raisonnable. Le point mort permet aussi d’évaluer les conséquences des changements structurels, comme les embauches ou les déménagements.
💡 Bon à savoir : indicateur précieux, il présente toutefois quelques limites. La principale est liée à sa nature prévisionnelle : certains imprévus ne peuvent être anticipés dans le calcul. De plus, le calcul du point mort suppose une progression parallèle des coûts variables et du chiffre d’affaires, ce qui n’est pas toujours le cas. Il est donc recommandé de réévaluer régulièrement son point mort afin d’éviter les mauvaises surprises.
Comment calculer le point mort ?
Le point mort est calculé en nombre de jours à partir du seuil de rentabilité, selon la formule suivante :
👉 Point mort = (seuil de rentabilité / chiffre d’affaires) x 360
Pour illustrer cette formule, reprenons l’exemple que nous avons utilisé dans notre article sur le seuil de rentabilité :
Vous êtes graphiste et prévoyez de réaliser 30 000 € de CA. Nous avons calculé précédemment que votre seuil de rentabilité serait à 18 667 €.
Le calcul de votre point mort sera le suivant : (18 667 / 30 000) x 360 = 224 jours.
Il vous faudra 224 jours pour atteindre le seuil de rentabilité. Votre activité commencera donc à être rentable après le 12 août (ou le 11 août s’il s’agit d’une année bissextile).
Un indicateur alternatif : le point d’équilibre calculé en unités de vente
Comme nous l’avons vu, le duo seuil de rentabilité – point mort est important pour identifier la position d’équilibre de l’entreprise.
Un autre indicateur, calculé en unités de vente, peut être intéressant et complémentaire à ce titre. Il s’agit du calcul du nombre d’unités (produits ou services) devant être vendues pour atteindre le point d’équilibre et devenir rentable.
La formule à employer est la suivante :
👉 Point d’équilibre = charges fixes / (prix de vente unitaire – coût unitaire)
Cette formule se décompose de la manière suivante :
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- Charges fixes
Il s’agit des charges de l’entreprise dont le montant ne varie pas en fonction de son niveau d’activité. Cela peut inclure les loyers, les frais de services, les frais administratifs…
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- Prix de vente unitaire (ou recette par unité)
C’est le prix auquel chaque unité de produit ou de service est vendue.
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- Coût unitaire (ou coût de revient)
Il s’agit du coût total nécessaire pour produire et livrer une unité de produit ou service. Cela comprend à la fois les coûts directs (matières premières, main-d’œuvre, etc.) et indirects (frais généraux répartis).
Pour conclure, de multiples indicateurs prévisionnels peuvent permettre d’anticiper la rentabilité d’une entreprise. Parmi eux, le point mort apporte une information clé : la date à laquelle l’entreprise pourra commencer à être rentable. Couplé au seuil de rentabilité et à un calcul du nombre d’unités de vente nécessaires pour atteindre l’équilibre, il aide à définir des orientations stratégiques.
Ces indicateurs sont précieux aussi bien à la création de l’entreprise que dans sa gestion quotidienne. Il est cependant important de garder en tête qu’ils offrent une prévision uniquement théorique. Ils doivent être associés à un suivi attentif de la comptabilité réelle de l’entreprise et en particulier de l’état de sa trésorerie.